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Fleeting Castles

Fleeting Castles
Chacune des pièces de ce programme constitue pour moi un château éphémère dans lequel je peux me
réfugier lorsque j’en ai envie. À la croisée des musiques classiques, jazz et actuelles, le guitariste français, également producteur de l'émission « Guitare, guitares » sur France Musique, met son jeu au service de toutes les musiques. Castles Made Of Sand de Jimi Hendrix fut l’étincelle de ce programme ; Sébastien Llinares y entend la corde à vide immuable souvent utilisée par le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos. Le voyage se poursuit avec des hommages aux chansons célèbres de Bernstein, Gershwin ou Rodgers & Hart, une évocation de Rufus Wainwright et de Baden Powell en formes de Habanera et de Bossa Nova… sans oublier un hommage à Django de John Lewis et l’éternel Hallelujah de Leonard Cohen qui, sur la guitare classique, prend des airs de canario ancien... Deux bagatelles et un impromptu, composés par Sébastien Llinares, viennent compléter la photo de famille.

Érik Satie

Érik Satie
Un peu à la manière de la musique populaire, celle d’Eric Satie nous accompagne au quotidien. Ce n’est pas une musique qui cherche le sublime ou l’exaltation, mais une musique qui circule dans le monde réel, qui agit sur l’auditeur de l’intérieur. Elle s’immisce dans notre vie, discrètement, avec une présence presque familière.
J’ai toujours pensé que la guitare et la musique d’Eric Satie étaient faites pour se rencontrer. Sa musique est composée de lignes mélodiques très claires, épurées, de formes courtes et ramassées, qui vont droit à l’essentiel. C’est justement cette dimension humaine, directe et intimiste qui, à mon sens, trouve un écho naturel dans la guitare.

Joaquím Turina

Joaquím Turina
Premier album du guitariste Sébastien Llinares pour le label Paraty, Joaquín Turina marque un retour aux sources lumineuses de la guitare espagnole. Formé à la croisée des mondes classique, contemporain et populaire, Llinares a toujours revendiqué une approche intuitive et poétique de son instrument. Attiré très tôt par la musique impressionniste et les rythmes ibériques, il trouve dans l'œuvre de Turina un territoire familier, où se rejoignent son goût pour la clarté formelle et son attachement à une narration musicale enracinée dans le réel. Turina, influencé par le folklore andalou et l'esthétique française de son temps, compose ici une guitare à la fois savante et vibrante — un univers que Llinares habite avec justesse, finesse et une rare intimité sonore.
Llinares y apporte une interprétation nuancée, mettant en lumière la fusion entre les éléments traditionnels espagnols et les influences impressionnistes, offrant ainsi une lecture personnelle et authentique de ces œuvres majeures du répertoire guitaristique du XXe siècle.

Les 4 Saisons d’un musicien ermite

Les 4 Saisons d’un musicien ermite
Même le plus piètre des ermites se doit d’accueillir le visiteur qui frappe à sa porte. Et là, se sont présentés tant de jeunes talents ! Sébastien, on ne peut que saluer ta saisissante intelligence musicale! Samuelito : sensible et fulgurant ; en tant que chambriste, tu te joues -tel un félin- de redoutables pièges. Timothée, tu t’engages de façon splendide dans le sillage de tes aînés…
Bienvenue aux chambristes! Au Quatuor vocal Unité (Julie, Anaïs, François, Dominique dirigés par Christian, infatigable explorateur musical). Viennent épouser vos voix : la guitare de Nicolas (en fervente harmonie avec celle de Sébastien), et le violoncelle de Maitane, sublime musicienne au phrasé si ardent!
Bienvenue enfin au Duo Cordes et Âmes (Sara au violon et Olivier à la guitare), et au Quatuor à cordes Sine Qua Non (Sara, Virginie, Catherine, et Claire-Lise) : deux très beaux intitulés, dignes de ces éblouissantes formations!
En offrant à un vieux sauvage l’opportunité de cette hospitalité, vous lui permettez d’accueillir rien de moins que le Tout-Autre…

Luys Milan

Luys Milan
Depuis le Siglo de Oro espagnol, l’écrivain, vihueliste et compositeur Luis de Milan nous envoie un message de liberté, d’originalité et de raffinement. Un message encore si vivant ! On se demande bien comment, des siècles plus tard, il peut être toujours autant d’actualité.
Milan invente. Il compose ses Fantaisies, ses Pavanes, ses Tientos pour exprimer ses « facultés d’imagination et d’ingéniosité musicales ».
Ici, le rubato, l’idiomatisme et l’invention règnent ; pas de pensée compositionnelle austère ni de technique de jeu conseillée… Tout est équilibre et fluidité. La partition stimule la liberté, la virtuosité et la musicalité de l’interprète. Et cette musique, si légère, insouciante, contient pourtant en elle les germes de plusieurs siècles d’hispanisme musical.

Soliloque

Soliloque
Avec Soliloque, Sébastien Llinares propose une immersion singulière dans le répertoire français pour guitare du XXe siècle. Ce programme rare met en lumière des compositeurs comme Poulenc, Sauguet, Wissmer et Roussel, qui, bien que peu associés à la guitare, y trouvent ici une voix délicate et introspective. Chaque pièce révèle un langage raffiné, souvent néo-classique, où la clarté du discours et la poésie harmonique s’équilibrent avec grâce. Ce disque tisse ainsi un fil subtil entre épure formelle et expressivité retenue.
Enregistré dans une acoustique sobre et intime, Soliloque s'écoute comme un journal intérieur, où chaque œuvre devient une méditation sonore. Le choix du titre évoque justement cette parole solitaire de la guitare, qui murmure plus qu’elle ne proclame. Le silence y est aussi important que la note, et les textures claires laissent transparaître un art du phrasé finement ciselé. Un disque élégant, exigeant et profondément personnel, qui révèle une autre facette de la guitare française.

The Goldberg Variations

The Goldberg Variations
Comme tant d’autres en son temps, Bach a beaucoup pratiqué l’adaptation et la transcription, de partitions de ses contemporains ainsi que de ses propres créations. Si sensible qu’il fût au « grain » des voix et des instruments, il n’en a pas pour autant hésité à faire subir à ses propres œuvres les métamorphoses propres à leur insuffler une vie nouvelle. Il est vrai que la densité et la rigueur de son écriture contrapuntique se prêtent admirablement à des lectures autres, en des couleurs renouvelées pouvant en révéler des facettes jusqu’alors négligées. De même que L’Art de la fugue, les Variations Goldberg ont suscité bien des transcriptions. Or, des cordes pincées du clavecin à celles de la guitare la distance est moindre que celle du passage au piano ou à l’orgue, voire à un ensemble instrumental. Dans une unité de couleurs, les lignes acquièrent ici une autonomie de nuances que les seuls claviers du clavecin ne peuvent exprimer. Inépuisable richesse des chefs-d’œuvre…
Gilles Cantagrel